Sauver la rentabilité du photovoltaïque et activer le levier de l’électromobilité
OPINION. Il ne sert à rien d’encourager les énergies renouvelables à travers des discours si les actes se font contraires. Face à l’urgence des besoins, il est nécessaire de sortir du paradoxe, écrit Thomas Lier, responsable du fonds GETF
Le Temps – Opinion Thomas Lier – 14 novembre 2025
«Les énergies renouvelables sont non seulement positives pour le climat, mais elles favorisent aussi la sécurité d’approvisionnement du pays», a récemment dit Albert Rösti, conseiller fédéral. Le paradoxe est flagrant: alors que le discours officiel insiste sur l’importance stratégique des énergies renouvelables, les actes politiques récents en freinent brutalement le développement.
Depuis l’entrée en vigueur des ordonnances d’application liées au Mantelerlass et des nouveaux tarifs de reprise de l’électricité photovoltaïque, la rentabilité des centrales photovoltaïques a chuté, tout particulièrement pour les grandes installations (> 150 kW) qui ne bénéficient désormais d’aucune protection réglementaire face au risque de tarifs négatifs.
Les nouveaux outils censés compenser cette baisse via une augmentation de «l’autoconsommation» de l’électricité produite – regroupements pour la consommation propre virtuel (RCPv) et communautés électriques locales (CEL) notamment – restent, dans les faits, largement inopérants à cause de barrières techniques, administratives et tarifaires.
Une double occasion à saisir
L’électromobilité et la bidirectionnalité des véhicules électriques, qu’ils soient raccordés à une borne de recharge à domicile, au travail ou ailleurs, devraient être un levier majeur pour stocker les excédents photovoltaïques dans les batteries des véhicules, restituer cette énergie lors des pics de demande, soulager les réseaux de distribution tout en maximisant l’autoconsommation et éviter le déploiement massif de batteries stationnaires, grâce au double usage de l’électromobilité, réduisant ainsi coûts et impacts environnementaux.
Pourtant, l’électromobilité et la bidirectionnalité sont également freinées par un désengagement politique: absence d’incitations et application de nouvelles taxes, cadre réglementaire flou, standards techniques non harmonisés.
L’urgence est réelle
Le développement des énergies renouvelables est aujourd’hui indispensable. Miser sur des alternatives comme de nouvelles centrales nucléaires ne répond pas au défi immédiat. Elles ne seraient pas opérationnelles avant plusieurs décennies, alors que, dans l’intervalle, la sécurité d’approvisionnement et les objectifs climatiques exigent des solutions rapides et déjà disponibles.
A court terme, il paraît dès lors indispensable de rehausser les tarifs de reprise photovoltaïque, d’assouplir les conditions liées aux regroupements (RCPv et CEL) et d’établir un cadre clair et incitatif pour l’électromobilité et la bidirectionnalité.
Le photovoltaïque et la bidirectionnalité des véhicules électriques sont une solution commune: ensemble, ils forment un système énergétique résilient, propre et immédiatement déployable, au service de la sécurité d’approvisionnement du pays.



