Près de 40% des baby-boomers sont propriétaires de leur logement. Le viager, qui offre une rente à vie, un capital immédiat et la jouissance du bien, constitue un immense marché potentiel. Un premier fonds pour investisseurs institutionnels vient d’être lancé.

“Apporter une solution sûre pour pallier la baisse structurelle des revenus des personnes âgées, améliorer leur quatidien et favoriser leur maintien à domicile”, tels sont les objectifs visés par François Normand, CEO de Viage SA à Genève, dont la carrière dans le conseil financierl’a porté à construire les bases solides d’un marché du viager jusqu’ici peu coté. L’histoire de Jeanne Calment, qui céda son appartement en viager à son notaire à l’âge de 90 ans et n’est décédée qu’à 122 ans, aurait-elle créé un traumatisme durable? Décédé 20 ans avant elle, l’acheteur aura déboursé au total le double de la valeur vénale du bien. Exemple paroxystique, sans doute, d’un des écueils du viager usuel qui peuvent léser l’acheteur comme le  vendeur – insolvabilité de la rente, valeur du bien sous-esti-mée… –, et qui justifie l’intérêt pour des opérations immobilières protégées des aléas de transactions de gré à gré, conclus entre deux personnes physiques.
«Concrètement, le fonds viager est un win-win, poursuit François Normand. Opportunité de diversification de portefeuille pour les investisseurs institutionnels qui offrent de sérieuses garanties finanières, il profite au vendeur qui conserve le droit d’habiter son bien. Le versement d’un capital immédiat peut permettre au retraité de régler ses dettes hypothécaires et résoudre des questions successorales plus aisément, en liquide. Il touchera par ail-leurs une rente sa vie durant.»

Une gouvernance irréprochable

«Le cas d’un client retraité m’a marqué. N’ayant pu obtenir une rallonge hypothécaire pour effectuer des travaux, il avait dû vendre son bien», raconte François Normand. Ce fut le déclic. «Il fallait absolument permettre aux seniors de pérenniser leur rêve de propriétaire, en toute quiétude.»

La vie devant soi

En Suisse, plus de 40% des baby-boomers sont propriétaires de leur logement au sein d’une population toujours plus nombreuse et plus âgée. Selon l’Office fédéral de la sta-tistique, l’espérance de vie en 2021 atteint 85,7 ans chez les femmes et 81,7 ans chez les hommes.

Sachant que notre fonds s’adresse à des propriétaires dès 70 ans, le marché poten-tiel est immense, d’autant que les taux hypothécaires grimpent, le pouvoir d’achat chute et les caisses de pension ne sont pas prêtes à ajuster les rentes à la hausse, remarque François Normand. La qualité des soins médicaux permettant souvent de rester chez soi, le fait que les héritiers disposent déjà d’un bien immobilier ajoute à l’intérêt manifeste des seniors pour cette nouvelle forme de financement de leur retraite.»

Le fonds se concentre sur la recherche de villas et d’appartements en propriété directe ou indirecte en Suisse, des résidences principales et secondaires, à l’exclusion des résidences locatives. Il a pour objectif de constituer un portefeuille d’une valeur vénale de plus de 150 millions de francs.